Pierre-Antoine Légoutière, co-fondateur de l’Odas, nous a quittés

Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et fervent lecteur d’ouvrages sociologiques et politiques, il s’oriente très tôt vers la défense de la décentralisation et la performance des politiques publiques. C’est pour cette raison qu’il s’implique dès 1987 dans la formation des élus. Mais très vite son souci d’évaluation des politiques publiques le conduit à fonder avec notre délégué général Jean-Louis Sanchez l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (Odas). C’est pourtant un pari particulièrement risqué, car pour assurer son indépendance, notre observatoire choisit dès sa création la voie associative, caractérisée par la nature aléatoire de ses financements. Mais le soutien spontané de l’Odas par les acteurs locaux va permettre à l’institution de perdurer et à Pierre-Antoine d’y déployer une action déterminante de 1990 à 2005.

Le pacte républicain comme boussole

Durant ces quinze ans Pierre Antoine se consacre notamment à la valorisation des constats et préconisations de l'Odas sur les liens sociaux et la solidarité, afin qu’elles irriguent concrètement les politiques locales. Et avec la même aspiration, il participe à la création du Journal des acteurs sociaux (Le Jas), dont le but est de faire connaître et reconnaître le rôle décisif des élus locaux dans la cohésion de la société.

C’est de cet engouement pour la décentralisation que naît sa conviction d’une réhabilitation nécessaire du volet fraternité dans la devise républicaine. Car l’observation du terrain l’a convaincu que les efforts des élus locaux en faveur du vivre-ensemble ne sont pas suffisamment encouragés faute d'avoir compris l'importance de la préservation des liens sociaux dans notre pays. Il sera donc parmi les promoteurs du premier Appel à la Fraternité, lancé par l’Odas en 1999. Et il sera aussi un acteur décisif dans le lancement des Ateliers du vivre-ensemble et des Journées citoyennes.

Un être pluriel et unique

Et c’est porté par cette passion du terrain que Pierre-Antoine décide de s’impliquer à son tour dans l’action locale en rejoignant la terre de Montluçon, dont il deviendra adjoint au maire de la commune, puis vice-président de l'agglomération en charge des questions environnementales.
Ce qui ne l'empêchera pas de satisfaire en même temps son côté épicurien en se lançant dans l'ouverture d'un bar restaurant convivial tout en poursuivant une collaboration bénévole avec l’Odas. Ce qui lui permettait d’être pluriel et en même temps unique. Car il pouvait être tout à la fois émule de Rabelais, de Voltaire, de Cyrano, de De Gaulle, mais en reliant toutes ses sources d'inspiration à un même combat : redonner du sens à l'action publique.

Son départ nous prive donc non seulement d’un ami, toujours joyeux et fidèle mais surtout d'un ardent défenseur des grandes valeurs de la République.