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Décryptage/Témoignage

“Les maires doivent « booster » l’engagement individuel” - Interview de Jean-Louis Sanchez, président de l'Odas

Le président de l’Odas lance un appel aux maires à l’occasion de la Journée nationale de la citoyenneté et de la fraternité organisée le 15 octobre. Acteurs publics l'a interviewé à cette occasion.

Pourquoi cette journée de la fraternité le 15 octobre ?

Depuis sa création, l’Odas mène des enquêtes sur l’évolution des besoins sociaux, mais aussi sur les politiques menées par les collectivités locales, enquêtes qui nous ont permis très tôt de constater le délaissement des liens sociaux et des repères collectifs. Or nous avons la conviction que, pour résister aux défis qui nous attendent, il faut nécessairement avoir des attitudes volontaristes de reconstruction de tout ce qui favorise le goût du vivre-ensemble. Et nous pensons que pour aller dans cette direction, les maires sont les mieux placés, notamment lorsqu’ils sont épaulés par les organisations associatives. En effet, il s’agit d’entretenir dans la proximité les valeurs d’entraide, d’écoute et de respect. Ce qui nous conduit à dire que, si la liberté et l’égalité sont principalement l’affaire de l’État, en raison de ses compétences régaliennes et en particulier la solidarité juridique, la fraternité est quant à elle avant tout l’affaire des maires. C’est la raison pour laquelle l’organisation d’une Journée de la citoyenneté et de la fraternité le 15 octobre a été décidée par un collectif regroupant une cinquantaine d’organisations, dont toutes les associations de maires et les grandes fédérations associatives en charge de la solidarité et de l’éducation. Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle n’est que le point de départ d’un mouvement que nous espérons durable.

Comment jugez-vous l’engagement des communes, justement ?

Lorsque l’on cherche à repérer les actions qui revitalisent la citoyenneté en France, on s’aperçoit que ce sont principalement les communes qui agissent. D’ailleurs, il y a déjà 3 000 communes qui organisent une Journée citoyenne chaque année (action dont l'Odas porte l’essaimage), qui se traduit par la participation de toute la population autour de projets collectifs. Ce qui s’avère très efficace pour réactiver le goût de l’engagement, les solidarités naturelles et les liens entre générations et entre cultures différentes. Mais l’ensemble des partenaires de la Journée nationale ont estimé qu’en raison du contexte actuel, il fallait aller plus loin. En effet, les perspectives environnementales, sécuritaires, mais aussi économiques sont très inquiétantes. Et nous constatons que loin de développer des réflexes collectifs de solidarité, toutes ces difficultés entretiennent au contraire des tendances au repli sur soi, à l’indifférence, à la peur et à la haine entre communautés. Ce qui est donc recherché, c’est de faire de l’engagement citoyen et de la fraternité des objectifs mieux affirmés comme prioritaires dans les projets municipaux. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé aux maires de signer une Charte de la citoyenneté et de la fraternité, avec des engagements concrets. Et nous constatons que la signature de cette charte, que nous avons envoyée récemment aux maires, rencontre d’ores et déjà un grand succès. 

Plus concrètement, quel rôle les maires pourraient-ils jouer ? Et les administrations de l’État ?

Les acteurs municipaux doivent soutenir de façon beaucoup plus déterminante toutes les actions déjà engagées dans cette direction et en créer de nouvelles. Nous pensons qu’il serait utile de généraliser les initiatives qui ont déjà fait leurs preuves (Outils en main, Lire et faire lire, Jardins partagés, Voisins solidaires…). D’ailleurs, le 15 octobre, 20 000 repas citoyens auront lieu, grâce à l’engagement de cette association, pour la réussite de cette journée. Et bien évidemment, les maires doivent rechercher tous les moyens pour “booster” l’engagement individuel et le goût du collectif partout, dans les cages d’escalier, les quartiers, la cité… Quant à l’engagement des services de l’État, nous souhaitons surtout obtenir le concours de l’éducation nationale, pour renforcer toutes les initiatives contribuant notamment à la sensibilisation des élèves au jugement critique. Ce qui nous paraît possible, car la journée du 15 octobre 2022 est d’ores et déjà placée sous le haut patronage du président de la République.

Propos recueillis par Bruno Botella pour Acteurs Publics

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