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Décryptage/Témoignage

Le manifeste de l'Odas ou comment cultiver l'audace du vivre-ensemble

“Entrepreneur du bien commun”, Tarik Ghezali a créé et développé plusieurs initiatives dédiées à l’intérêt général : ”Le Mouvement des entrepreneurs sociaux” (devenu Impact France), ”Le Labo de l’ESS”, ”Marseille Solutions”, accélérateur d’innovations territoriales et, récemment, le think tank “La Fabrique du Nous”. Il réagit à la publication du Manifeste de l’Odas.

Photo portrait de Tarik Ghezali

Dans un monde incertain et houleux, à l’individualisme triomphant, Le Manifeste de l’Odas constitue un point de repère, un phare précieux pour toutes celles et ceux qui veulent “consolider le vivre-ensemble” et plus précisément “repérer et consolider les nouveaux contours de la sociabilité, afin d’unir les habitants malgré l’hétérogénéisation
croissante de notre société”.

En un mot, oserais-je dire, pour toutes celles et ceux qui veulent fabriquer du Nous ! Ce manifeste vient de loin, on le sent nourri par des expériences et un vécu riches qui amènent à produire une pensée limpide, accessible et pertinente.

Le vivre-ensemble ne va pas de soi, on le sait bien.C’est l’entre-soi qui est naturel. Pourtant nous y avons intérêt ! Quand il est bien pensé, organisé, accompagné. Un très bon exemple avec “ l’intergénérationnel” : Le Manifeste de l’Odas appelle clairement à le développer car “ la cohabitation des âges structure une société et forge l’identité collective”. Il est vrai que “nous avons beaucoup trop fait d’une barrière administrative une barrière des âges”. Considérons donc les personnes âgées pas seulement comme des personnes vulnérables dont il faut prendre soin mais aussi comme des personnes pleines de ressources et utiles : “La France vieillit et c’est une opportunité.” Ce texte porte aussi un regard incisif sur le rôle et la place des pouvoirs publics pour plus de fraternité. Il rappelle à juste titre le rôle clé des maires et des président(e)s de Département dans les territoires ruraux pour développer une société plus fraternelle. Et propose, belle idée, de faire de la promotion du civisme une mission clé du maire. Il rappelle aussi le non-monopole de l’état en matière de cohésion nationale et appelle, autre belle idée, au développement de l’engagement aussi dans la sphère publique. Il déplore par ailleurs, on ne le dit jamais ou si peu, le “turn-over” trop rapide des préfets sur les territoires, tous les deux ans. C’est contre-productif, le mettant dans un rôle de simple courroie de transmission de politiques nationales et pas du tout dans la compréhension fine et l’appropriation d’un territoire et la valorisation de ses singularités et de ses forces vives.

Le Manifeste de l’Odas accorde aussi une place clé à l’école où tout commence. Il s’agit de bâtir en quelque sorte l’école du Nous ! En développant l’expérience positive de l’altérité dès le plus jeune âge. Le texte propose, par exemple, d’ouvrir l’école au quartier, à la vie sociale et économique locale, et de mieux relier et valoriser les trois temps de l’éducation : scolaire, périscolaire, parentale (en revoyant aussi en profondeur la politique d’appui à la parentalité).

Enfin, entre autres analyses, il pointe, très justement, l’extension du domaine de la norme et de la peur. Il souligne, et je le vois également au quotidien, que l’énergie des innovateurs sociaux est de plus en plus consacrée à la maîtrise des contraintes normatives plus qu’à la mise en œuvre des projets. Il pointe aussi la technocratisation des organisations et institutions qui ont tendance à privilégier excessivement leur propre protection, au détriment du service et de l’innovation pour les citoyens.

Vous y trouverez bien d’autres idées encore… L’espace manque ici, donc une seule chose à faire : lisez-le et partagez-le ! Plus que jamais, dans une société fracturée, l’audace c’est de recréer du lien. Plus que jamais, le vivre ensemble a besoin d’audace, le vivre ensemble a besoin de l’Odas !

> Télécharger le Manifeste de l'Odas