Étude sur l’impact de la crise sanitaire sur la parentalité
En fin d’année 2020, l’Odas a été sollicité par l’Institut de formation sociale des Yvelines (IFSY) afin de participer, avec l’Association française d’information et de recherche sur l’enfance maltraitée (AFIREM), à la construction d’une visioconférence (modalité retenue du fait de la crise sanitaire) organisée par la Caisse d’allocations familiales (CAF) de l’Oise en direction des parents et des acteurs professionnels du soutien à la parentalité du Département.
Le thème retenu a été les effets du confinement du printemps 2020 sur la vie des familles. Afin de connaître la réalité de ce qui avait été vécu tant par les parents que par les professionnels du soutien à la parentalité deux questionnaires distincts ont été élaborés et analysés par l’Odas. La visioconférence, présidée par la CAF, s’est tenue le 14 décembre et a été co-animée par l’AFIREM et l’Odas.
L’enquête réalisée auprès des parents, dont les résultats ont servi de base d’échanges lors de la visioconférence, suggère de relativiser les effets négatifs de la crise sanitaire. Les 2017 parents (un tiers en situation de monoparentalité, deux tiers en couple) qui ont répondu, sur 97 118 allocataires destinataires du questionnaire en ligne - en majorité les mères – disent qu’ils ont globalement fait face. Très majoritairement les parents indiquent qu’ils sont restés en capacité de gérer les contraintes de la vie familiale, professionnelle malgré leur souffrance psychique plus ou moins ressentie. Notons que 20% d’entre eux estiment que leurs enfants ont décroché de leur scolarité. Il reste que ce constat positif peut être lié au fait que les parents répondants semblent ne pas avoir été trop impactés sur le plan économique, bien que le nombre de personnes répondantes sans emploi soit significatif (24%). Celles-ci n’évoquent pas le sujet du chômage et sont en majorité satisfaits de leurs conditions de logement.
Ces familles disent avoir apprécié et mis à profit le temps passé avec les enfants qui devient temps partagé, nouvelle opportunité d’un « faire ensemble » entre moments ludiques et suivi scolaire. Loin d’un tableau idyllique, l’analyse ne saurait être binaire : d’un côté les familles qui jouissent des bonheurs du vivre ensemble, de l’autre celles en souffrance. La vie confinée alterne temps conviviaux et stress (gérer plusieurs enfants en bas âge dans un lieu unique), frustrations (sorties limitées, éloignement des proches, des professionnels aussi quand les visites à domicile, les lieux dédiés aux temps collectifs sont désinvestis).
Mais cette enquête a aussi permis de mesurer le sentiment d’isolement ressenti par les parents dans l’éducation des enfants, pas seulement pour la période du premier confinement. S’il est plus fort pour les parents seuls, une part non négligeable des couples exprime aussi cet isolement au-delà de la période du premier confinement.
Du coté des professionnels du soutien à la parentalité, on note qu’ils sont visiblement désemparés par la rupture que la crise a provoquée dans leurs modalités d’exercice de leur mission.
La visioconférence organisée par la CAF pour présenter et mettre en débat ces résultats s’est déroulée en deux temps. Les professionnels du soutien à la parentalité, puis les parents ont confirmé les tendances recueillies par l’enquête. Elles confirment certains effets positifs du confinement communiqués par les enquêtes nationales : les parents et enfants ont fait face entre stress et moments de répit, de joies aussi. Mais il a fallu l’obligation de rester confiné pour que des parents découvrent ou redécouvrent l’importance du faire ensemble avec des loisirs partagés et du travail scolaire entre les parents et les enfants. S’agira-t-il d’une parenthèse ou d’une évolution durable dans leurs relations, ce qui serait hautement souhaitable ?
Cette enquête pour la CAF de l’Oise, dont les résultats n’ont pas été rendus publics pour l’instant, se poursuivra en 2021 pour réaliser un bilan et produire une analyse plus approfondie des résultats et des échanges.