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En Haute-Loire professionnels et élus interrogent leur conception de la protection de l’enfance

L’actualité récente, avec la situation d’une enfant maltraitée dans le Cher, nous rappelle une fois de plus de façon dramatique la difficulté pour les services et les professionnels d’assurer la protection de tous les enfants et la nécessité constante d’interroger leurs pratiques. En Haute Loire ce travail a été engagé dans le cadre d’une recherche action menée avec l’Odas. Tout au long de l’année 2017 le département a ainsi mené un travail de réflexion sur sa conception de la protection de l’enfance. Que savons-nous de la protection de l’enfance ? Comment souhaitons-nous faire évoluer nos interventions ? Que connaissons-nous des besoins des enfants et des familles ? Des questions essentielles, parfois peu intelligibles pour les profanes, auxquelles élus et professionnels ont tenté de répondre afin de travailler à la mise en œuvre d’une conception commune.

Depuis la réforme du 5 mars 2007, alors plébiscitée, plus de dix ans ont passé. Dix ans de progrès accomplis mais aussi d’insuffisances récurrentes qui ont nécessité le vote d’une nouvelle loi (14 mars 2016) centrée sur l’intérêt de l’enfant et le pilotage de la politique de protection de l’enfance. Afin de répondre au mieux aux exigences de la loi et aux besoins des enfants, le département de la Haute-Loire s’interroge sur sa politique en matière de protection de l’enfance et souhaite accompagner les équipes de terrain. En effet, les difficultés rencontrées (judiciarisation importante, déficit d’actions de prévention, besoin de consolider la complémentarité des acteurs…) ont fait apparaitre la nécessité de “renforcer la prévention pour les familles et mieux répondre aux problèmes de l’enfance en danger”. Le département a donc fait appel à l’Odas pour accompagner la Direction de la vie sociale (DIVIS), en charge des questions de solidarité, dans une refonte des pratiques.

Objectif : construire, en collaboration étroite avec les élus et les agents concernés, des bases solides sur les fondamentaux de la protection de l’enfance, l’actualisation des référentiels et faire évoluer les pratiques. Cette recherche action ambitionne ainsi d’aborder non seulement le cœur de la compétence départementale en matière d’aide sociale à l’enfance, mais également de travailler sur la mobilisation de l’ensemble des acteurs pour parvenir à un système de protection de l’enfance, qui va des besoins au traitement en passant par des logiques de prévenance.

A l’image de l’ensemble des travaux de l’Odas, cette recherche action se base sur le partage de l’observation et de la réflexion. Elle s’est donc fixée comme préalable de bâtir une vision partagée de la protection de l’enfance, une des compétences phare de la collectivité, en y associant pleinement élus, agents et partenaires (Juges des enfants, Parquet, associations, MECS, service AEMO, TISF, EPE, UDAF, CAF, MSA, EN, MDPH, CAMPS, Maison des Ados, Adepape, assistants familiaux…).Retour ligne automatique
Résultat : si chacun s’accorde à reconnaître la protection comme devant être l’affaire de tous, axiome partagé depuis une campagne de communication nationale en 1997, dans les faits les constats sont nettement plus mitigés. En effet la protection des enfants s’opère surtout par le biais de mesures dans le cadre d’une organisation administrative : le dispositif d’aide sociale à l’enfance. Élus et professionnels regrettent que l’accompagnement des familles repérées en difficulté ou ayant formulé une demande d’aide face à une situation qui les dépasse soit finalement délaissé au profit des évaluations de situations familiales dénoncées comme préoccupantes. Un constat partagé dans un grand nombre de territoires.

Quant aux fameuses mesures de l’aide sociale à l’enfance, qui sont au cœur de la politique de protection de l’enfance, elles restent peu connues, peu comprises et finalement demeurent l’affaire d’initiés, mesures de placement ou de suivi éducatif pour les principales, ordonnées par le juge des enfants ou négociées par les services départementaux.

Finalement, c’est quoi protéger un enfant ? Elus et professionnels altiligériens [1] partagent une analyse essentielle : la protection de l’enfance ne débute pas avec une intervention professionnelle et ce sont les parents les premiers protecteurs d’un enfant. Ce sont eux qu’il faut pouvoir accompagner, aider, dès les premiers jours voire dès la période anténatale.
Protéger un enfant c’est assurer sa sécurité physique et psychique, répondre à ses besoins, l’aider à grandir, garantir son alimentation, son hygiène, son éveil, lui permettre de devenir citoyen. Cette définition large permet d’ajouter que tout le monde participe à cette protection, individus et institutions. Une vision largement portée par l’Odas depuis sa création qui reprend souvent à son compte le proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant ».
Cette approche entraîne une orientation nouvelle pour les actions professionnelles qui doivent favoriser les partenariats : un travail plus collectif, au plus près des lieux de vie des familles, des accompagnements précoces à la parentalité… Il s’agit dès lors de construire, avec l’accompagnement de l’Odas, une mise en œuvre opérationnelle s’inscrivant dans une politique volontariste et dynamique pour l’enfant et la famille. Tout un programme dont les déclinaisons concrètes seront bientôt visibles !

>>En savoir plus sur la Recherche action « Renforcer la prévention pour les familles et mieux répondre aux problèmes de l’enfance en danger en Haute-Loire »

Notes :

[1] de la Haute-Loire