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Décryptage/Témoignage

Edito - Observer n’obéit plus seulement à une quête d’excellence mais de survie

Depuis cinquante ans, l’importance d’observer l’évolution de la société pour améliorer la décision publique a fait l’objet d’une multitude de rapports, et de nombreuses initiatives ont été prises dans ce sens. L’État a renforcé ses outils de pilotage et continue de le faire avec la renaissance du Haut-commissariat au plan. Les communes ont l’obligation d’établir, par l’intermédiaire de leur CCAS, un diagnostic des besoins sociaux. Et les départements celle de produire, par exemple, des indicateurs en ce qui concerne la protection de l’enfance. Mais en réalité la plupart de ces démarches ne sont guère utilisées par les décideurs publics, qui agissent davantage sous la pression de l’opinion que de la connaissance.

D’ailleurs les observateurs participent à cette négligence du diagnostic, en produisant davantage d’informations gestionnaires que stratégiques. Cette séparation entre savoir et pouvoir, qui se vérifie aussi sur le plan universitaire, est en soi lourde de conséquences. Mais elle contribue aussi à la crise démocratique que traverse notre pays en accentuant la défiance envers nos dirigeants. Et, avec la pandémie, elle pourrait être encore plus dévastatrice, si notre système d’observation ne s’adapte pas.

En effet, la métamorphose du monde qui se dessine sous nos yeux ne pourra être maîtrisée sans en avoir appréhendé les principales caractéristiques, et ce territoire par territoire. Il va falloir mieux comprendre et mieux mesurer les transformations économiques, sociales, éducatives, psychologiques, provoquées par ce traumatisme sans précédent. Surtout il va falloir détecter toutes les sources d’espérance issues d’une prise de conscience généralisée de nos fragilités individuelles et collectives. Car c’est par cette compréhension préalable que l’on pourra éviter la régression de nos civilisations en optimisant toutes les réponses possibles.

Cette conviction, qui guide l’Odas depuis sa création, va donc devoir prendre une dimension nouvelle dans son programme de travail. Il sera davantage orienté vers l’expérimentation des pratiques nouvelles et leur évaluation. Et il s’ouvrira sur de nouveaux chantiers, dont celui de la santé avec sa dimension territoriale. Ce qui devrait nous permettre de mieux faire connaitre nos préconisations, issues de 30 ans d’observation, menées en lien étroit avec les décideurs et acteurs locaux. En espérant ainsi mieux contribuer aux changements nécessaires et démontrer ainsi que l’observation n’obéit plus seulement à une quête d’excellence mais bien de survie.

 Jean-Louis Sanchez, Délégué général de l'Odas